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Coté Passions
6 novembre 2013

J'ai chiné en Chine :)

Aujourd'hui, je vous emmène chiner à Pekin, sur le marché de Panjiayuan. C'est assez loin du centre, vers le 3ème périphérique mais ça vaut le coup. Nous voici parties..Il fait frais mais le soleil est là :)

Le nombre de ''camionettes '' a l'arrivée annonce un grand déballage !! Chouette !!

et nous y voilà... C'est le plus grand marché d'antiquités d'Asie. Mais comme je n'y connais rien de rien en chinoiseries..je vais me contenter de regarder : Porcelaines de Chine, statues, jade ancien..il y a de quoi faire et je vous laisse déguster. Remarquez devant chaque stand, un petit tabouret pour certainement mieux négocier :)

Du Mao à gogo...

le fameux petit livre rouge

Mao en tapisserie :)

ou Mao en service à thé ?

Des tas d'autres objets.... de l'ivoire ?

     

Et sinon, a l'opposé, pas mal de choses neuves mais typiquement chinoises : Des perles à ne plus savoir où donner de la tête, du jade, des fils...

Des théières à gogo..les chinoises sont toujours en terre

 

Il y en avait vraiment pour tous les goûts !! Mais j'ai gardé le plus émouvant pour la fin. Avez vous déja entendu parler des pieds bandés des femmes chinoises ? J'avais lu à ce sujet mais les voir, là, juste devant moi , c'était différent et emouvant !

''Depuis des siècles, les petits pieds ont causé la souffrance de générations de femmes chinoises. A la fois mutilation et habillage féminin, épouses ou filles-fleurs oscillent entre retraite et séduction. Retraite pour l’épouse de l’ombre, broyée par une mutilation cruelle. Séduction pour la courtisane enchanteresse, mais au prix de quelles souffrances ? A la chute de la dernière dynastie, cette pratique cruelle est peu à peu abandonnée. Elle perdure toutefois dans certaines provinces éloignées et notamment au Yunnan, à la périphérie de l’empire ''

Et bien nous sommes tombées nez à nez avec une de ces paires de chaussures habillant des pieds bandés et j'étais très émue! A peine 8 cms !!! Elles sont posées sur une carte postale pour vous donner l'échelle :(

Je suis si émue que j'ai fait la mise au point sur la main du vendeur mais vous imaginez la taille !

Puis j'en ai repéré d'autres....

Et dans la réalité, ça donne ceci , c'est un supplice !

pied


Si vous voulez lire plus à ce sujet, vous pouvez cliquer LA mais attention, vous allez découvrir les ravages de ces tortures !

''L’origine des pieds bandés aurait donc été légèrement antérieure à l’époque Song (960-1279). Ce qui est sûr, c’est qu’ils furent d’abord réservés à l’aristocratie chinoise. Symbole de séduction mais aussi marque du néo-confucianisme ambiant, pour maître Kong (Confucius), la femme est un être fondamentalement inférieur à l’homme : « Une femme ne doit jamais être entendue hors de sa maison« . Cette pratique va de fait arriver à point nommé. Alors que la société se réorganise, la pyramide des rôles laisse la femme en retrait, le bandage des pieds va contribuer à la cloîtrer chez elle, définitivement prisonnière du cadre, maîtresse de l’intérieur. Elle restera soumise à son mari toute sa vie durant, et à son fils aîné si l’époux a le malheur de disparaître.

Ce déclin du statut de la femme va s’enraciner profondément dans une relecture chinoise de la « maîtresse du yin » et progressivement, la pratique des pieds bandés va se généraliser, devenant synonyme du devenir féminin, forme rituelle du passage à l’âge adulte où la femme n’est alors totalement revêtue de son statut de femme qu’à l’instant où elle est mutilée. Sans pieds bandés, pas de considération, pas de mariage, pas de descendance, pas de culte des ancêtres, pas de famille. La femme n’existe plus. Tous les ciments de la société chinoise vont ainsi se lier contre une femme-victime. Au moment du choix des fiançailles, c’est la petite chaussure qui est envoyée au futur mari comme gage de la conformité de la promise à son statut d’épouse de l’ombre. Et chacun de la jauger, de l’admirer, d’en vérifier la taille. Trois pouces pour deux « lotus dorés », sept centimètres à peine de semelles et tissus brodés ''

Une mutilation incontournable

Mais en quoi consistait exactement l’opération visant à réduire la taille du pied ? Il faut rappeler que l’objectif était d’atteindre la taille des trois pouces (7,5 cms). De fait, les fillettes restaient insouciantes jusqu’à l’âge de six ans. A ce moment là, on choisissait un jour faste, sous la protection de la déesse Guanyin que l’on était allé prier au temple. L’hiver était la meilleure saison car le froid aidait alors le pied à s’engourdir, évitant à l’enfant des souffrances trop vives. Le premier jour du bandage était l’occasion d’une grande cérémonie familiale. L’opération était souvent menée par une femme expérimentée afin d’éviter à la mère de subir les cris de douleur de sa fille. On passait d’abord les pieds dans l’eau bouillante pour assouplir la peau. Certains y ajoutaient des herbes et autres plantes médicinales de leur connaissance ayant pour vertu d’aider le pied à se détendre. Chaque province avait sa propre technique, chaque famille ses petits secrets.

Le pied bien détendu, on le massait, les ongles étaient taillés très court et de l’alun passé entre les orteils. Le bandage commençait alors. Des bandes de cotons préparées à cet effet étaient passées à l’eau chaude, ainsi, elles se resserreraient sur le pied en séchant. Le gros orteil était recourbé, les quatre autres repliés contre la plante du pied. On augmentait alors la pression jusqu’à obtenir un angle aigu du tarse et du métatarse. Parfois, on glissait entre les bandes des morceaux de verre ou de porcelaine afin que les blessures provoquées accélèrent le pourrissement de la peau. L’opération terminée, la fillette devait se lever et faire ses premiers pas. Beaucoup succombaient à la douleur et devaient s’y prendre à plusieurs reprises. Par la suite, les pieds seraient rebandés fréquemment et les chaussures portées de plus en plus petites. Il fallait deux ans pour obtenir « les petits lotus dorés ». A ce moment là, le calcanéum changeait de direction, d’horizontal, il devenait vertical. Toute la cheville était alors dissimulée sous des jambières''

Des chaussures, il en existe de toutes sortes. Aujourd’hui, les passionnés se les arrachent. A Shanghai, le musée privé de Yang Shao Rong leur est entièrement consacré avec notamment plus de mille petits chaussons. La plus ancienne paire date de l’époque des Song du Nord. Intarissable, il peut passer des heures à parler de sa collection, décodant la moindre broderie, faisant revivre les heures solitaires de ces jeunes filles qui passaient parfois des mois à coudre tous les symboles de l’espoir sur petits chaussons et jambières. Elles se jouaient alors des homonymes de la langue chinoise, associant un symbole à un sentiment ou une représentation à une idée. Ainsi, sur un minuscule bottillon, on reconnait les cinq chauves-souris qui expriment le bonheur, une fleur de lotus, la pureté, une pêche, la longévité. Sur un autre, une araignée descend de sa toile afin de ramener le bonheur sur terre ou un pinceau évoque les lettrés et dessine déjà un espoir de promotion pour un époux fonctionnaire.

AUJOURD'HUI : la province du Yunnan, dernier bastion des femmes aux pieds bandés.

A Liuyi, petit village du Yunnan perdu aux confins de la Chine du sud-ouest, les femmes continuèrent à bander les pieds des fillettes bien après l’abolition de cette coutume. L’éloignement de la province et le peu de voies de communications existant alors explique sûrement ce fait mais, en 1950 encore, on rencontre des cas de femmes bandant les pieds de leur fille. Aujourd’hui, ce petit village de deux milles âmes compte toujours quelques septuagénaires aux pieds bandées. Ces femmes, au destin peu commun, se sont réunies au sein d’une association sportive et pratiquent matin et soir gymnastique et jeux de boules. On croise encore plusieurs « Liuyi » au Yunnan mais ce village est le plus représentatif d’un fragment de l’histoire de Chine qui n’intéressera bientôt plus que sociologues et collectionneurs.

 

A bientôt

V_ronique_gris

Le china culture center de Beijing organise beaucoup de conférences sur le sujet : clic

photo (28)
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Commentaires
C
Merci.<br /> <br /> C'est toujours un ravissement de voyager grâce à tes récits.<br /> <br /> Il est toujours important de se souvenir du bon comme du mauvais c'est ce qui nous fait avancer.
M
Encore merci pour toutes ces précisions ,très riches ....j'avais eu l'occasion de lire des documentations à ce propos ,mais votre reportage est "bien complet" ...et fait "frémir" de savoir toutes ces souffrances endurées par des toutes petites filles ...<br /> <br /> Merci Véro
S
j en ai la chair de poule <br /> <br /> merci pour toutes ces infos, c'est complètement dingue et déroutant! merci Vero bises sophie
Voila quelque chose d'original ;) Le service à thé Mao!
A
C'est un sujet vraiment émouvant ! J'ai vu un reportage sur ce sujet il y a quelques années, ça m'avait beaucoup touchée ! Que de torture et de douleur pour ces "pauvres" femmes ! Notre société a évoluée, Dieu Merci ! Malheureusement, il y a encore beaucoup trop de femmes et de jeunes filles qui vivent sous le contrôle d'homme et de religion ! Merci pour ce reportage très complet, bravo ! <br /> <br /> Très bon week-end.
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